Chers Amis et Chers Enfants Boker Tov,
J’imagine que chacun d’entre vous a sa propre définition de ce qu’est vraiment une personne sainte.
J’ai entendu un jour quelqu’un de précieux dire que si une personne s’applique parfaitement à respecter les commandements de la Torah, sans entendre les plaintes et les complaintes d’autrui, elle ne peut être considérée comme « sainte ».
Il est possible que tous les membres de son corps soient saints, mais pas ses oreilles. Or, nous sommes le peuple de l’écoute : « Écoute, Israël… Shema Israël », non ?
Nous avons en nous cette profondeur pour entendre la voix de D.ieu alors qu’elle emprunte un chemin long avant de parvenir à nos oreilles.
Nous avons aussi en nous le potentiel pour entendre les pleurs, même silencieux, de ceux qui nous entourent.
Le Roi David, avant de trouver l’inspiration pour écrire le Livre des Psaumes, demanda à D.ieu de lui donner la capacité d’entendre les prières des enfants d’Israël. C’est en écoutant leurs souffrances qu’il put rédiger ses psaumes…
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Un jeudi soir le Ba’al Chem Tov demande à ses disciples de se préparer à passer un Chabbath dans un petit et non moins lointain village du leur. Ils voyagèrent toute la nuit avant d’arriver devant une petite baraque mitoyenne d’une somptueuse demeure.
Un homme sortit de la bicoque, son visage était aussi fermé qu’inquiétant :
-«Que cherchez-vous ici ? » lança-t-il avec véhémence.
Le Ba’al Chem Tov expliqua, la voix posée, que lui et ses élèves cherchaient un endroit pour passer Chabbath.
- « Je connais les personnes comme vous, vous allez prier pendant des heures, retarder nos repas. Si vous acceptez de vous ranger à mes habitudes et de me payer quelques dizaines de roubles, vous pouvez rester, sinon quittez immédiatement les lieux. »
Le Ba’al Chem Tov accepta ces conditions, au grand étonnement de ses élèves. Le Chabbath fut littéralement terrible. L’homme en question ne cessa pratiquement pas de crier et protester, le Ba’al Chem Tov sembla résigné, essuyant sa mauvaise humeur sans jamais protester. Ses disciples furent révoltés de voir leur maitre traité ainsi, mais aucun d’entre eux n’osa se manifester.
La sortie du Chabbath fut pour eux comme une délivrance et, alors qu’ils s’apprêtaient à quitter ce lieu maudit, une jeune femme arriva et s’adressa au Ba’al Chem Tov :
-« Rav ne me reconnaissez-vous pas ? »
Après un court silence, le dialogue se poursuivit :
- « Mais tu es Feigle, celle que j’ai recueillie alors que ses parents venaient de décéder… »
- « Oui, Rav, je vous ai quitté à ma majorité pour me marier avec… lui. »
Feigle montra un homme au visage éclairé et doux… Le Ba’al Chem Tov mit quelques instants pour reconnaître l’obscur personnage qui les tourmenta tout au long du Chabbath.
Feigle reprit :
- « Rav, vous et votre épouse m’avez élevée et protégée… Vous m’avez tout donné et je vous suis reconnaissante à jamais. Mon mari ici présent fait partie des 36 justes (Tsadikkim) qui, à chaque génération, permettent au monde de continuer d’exister.
Celui-ci m’a dit que vous, Rav vous risquiez de perdre une partie de votre monde futur parce qu’un jour, votre épouse dût me brosser les cheveux très fort afin de me débarrasser d’une invasion de poux.Or je pleurai de douleur, vous n’aviez pas réagi alors que vous étiez tout proche…
Rav quand j’ai appris cela, j’ai supplié mon mari de vous aider. Il m’expliqua qu’en vous privant du plaisir d’un Chabbath, vous pouviez expier ce qu’il considérait comme étant une faute ».
Le Ba’al Chem Tov ferma ses yeux et dit :
- « Je ne t’ai pas entendue…
Ne pas entendre les pleurs de ceux qui souffrent est une faute ! »
Faisons-nous tout pour entendre la douleur des autres,surtout en ces temps difficiles ?
A méditer
Courage,Chabbat Chalom et de bonnes nouvelles bh.
GZ
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