Chers Amis et Chers Enfants Boker Tov,
Chaque année nous faisons le récit de la sortie d’Egypte et ce au cours de la soirée du Seder de Pessa’h. Quel est donc ce message que l’on transmet d’une génération à l’autre ?
Le pouvoir puissant de la tradition juive s’exprime le soir du Seder. Chaque année, au même moment, des millions de juifs, en Israël et en diaspora, installés autour de la table familiale, opèrent à la lecture de la Haggadah qui relate la sortie d’Egypte.
Nous ne sommes pas les premiers à le faire, ce ne sont même pas nos parents ou grands-parents qui ont donné naissance à cet usage. Ce sont les protagonistes eux-mêmes, ceux qui furent libérés du joug égyptien, ceux qui furent les témoins des dix plaies qui s’abattirent sur l’Egypte, ceux qui plus tard traversèrent la mer rouge et eurent le mérite de « recevoir » la Thora, ceux qui connurent les vicissitudes du désert quarante ans durant pour finir en Terre d’Israël qui ont organisé le premier Seder de notre histoire.
Et depuis, sans jamais s’interrompre, le récit de Pessa’h est transmis de père en fils, de génération en génération jusqu’à ce jour. Ce n’est donc pas sans raison qu’au centre de cette soirée du Seder on retrouve les enfants, ceux qui incarnent l’avenir et qui doivent à leur tour, comprendre, intégrer et transmettre.
Mais quel est cet enseignement que l’on doit perpétuer ?
1. Qui sommes-nous ?
La Haggadah commence par rappeler les origines de notre histoire. Elle évoque nos patriarches : Abraham qui découvrit D.ieu, Itshak puis Yaacov qui gagnera avec les membres de sa famille (70) l’Egypte. Puis s’ensuit le récit relatif à Yossef, son parcours ascendant, le changement de régime politique, puis le temps des souffrances des enfants d’Israël réduits à l’esclavage.
Deux siècles plus tard ce peuple naissant, meurtri par ce qu’il a enduré connaît la délivrance puis recueille et accepte la Thora et ses lois qui règlementent sa vie sociale, ce qui pour l’époque est exceptionnel puisque l’on vit dans un monde « sans foi ni loi ».
2. Qui se situe au dessus de nous ?
Le livre de Khouzari (écrit par Rabbi Yehouda Halevi – moyen âge / Espagne) décrit des débats imaginaires entre le roi des Khazars qui est à la recherche de la vérité absolue et les divers représentants des religions monothéistes.
Le Roi les interroge à propos du fondement de leur foi, tous font référence à la création du monde comme raison principale alimentant leur croyance en Dieu, excepté le juif qui lui, évoque la sortie d’Egypte. Ce dernier est quelque peu malmené par le Roi qui ne comprend aucunement sa logique.
Le juif affirme que la « foi intelligente » ne peut reposer que sur des événements vécus par plusieurs témoins.
« Personne n’était présent lors de la création du monde alors que nos ancêtres furent tous les témoins des grands miracles survenus en Egypte et dans le désert »…
Nous comprenons mieux le sens et l’importance du message de la Haggadah : un peuple composé de trois millions de personnes assiste aux miracles qui accompagnent la sortie d’Egypte, entend directement le message divin lors de ce que l’on appelle « la révélation »… Des témoins qui transmettent à leurs enfants, de génération en génération, jusqu’à ce soir béni où nous sommes si joyeux de nous retrouver pour célébrer notre fête…
Le Ramban (souvenez vous de sa fameuse lettre qui est étudiée une fois par an au Gan Ami), avec une pointe d’ironie, va jusqu’à laisser entendre que si quelque chose, dans le récit de ce moment exceptionnel n’avait pas été fondé, on l’aurait su depuis bien longtemps,nous serions un peuple "bavard" .
Comment des centaines de milliers de personnes auraient-ils pu s’entendre sur une même version s’il ne s’agissait pas de l’exact reflet de la vérité ?
3. Et ensuite ?
Ensuite, il nous faut poursuivre notre chemin, transmettre et veiller à respecter ce que nous avons recueilli nous-mêmes. Le premier message divin comportait des commandements tels que le Roch Hodech, la Brit Milah et le sacrifice de Pessa’h, c’était une manière indirecte de préparer les enfants d’Israël à la délivrance en les démarquant de la société dans laquelle ils vécurent si longtemps.
Sanctifier le temps, c'est-à-dire lui donner un sens, sacraliser la milah qui exprime par excellence notre différence et réduire à néant toute idolâtrie par le sacrifice de Pessa’h, rappelons que l’agneau représentait la divinité égyptienne.
Au mont Sinaï ont été donnés les Dix Commandements, les fondements du Judaïsme, de relations entre les hommes, puis entre les hommes et D;ieu.
De génération en génération, une transmission fidèle de ces valeurs s’opère, valeurs qui exigent de nous d’être des hommes et des femmes dignes non seulement dans le cœur mais aussi dans l’action. Pessa’h est appelé aussi la fête de la liberté, pas uniquement physique mais aussi spirituelle. C’est à partir de Pessa’h que nous pouvons choisir notre voie, or choisir est l’expression suprême de la liberté.
En observant scrupuleusement les lois délivrées au mont Sinaï nous apprenons à nous émanciper des contingences matérielles, à dépasser nos propres limites, à nous transcender.
4. Comment transmettre le message ?
Tout cela se trouve dans la Haggadah, pour les enfants les plus jeunes, la Haggadah reste un texte long et pas toujours perceptible. Notre objectif, en tant que parents, est d’agrémenter la lecture par toute une série de gestes qui visent à maintenir l’intérêt des enfants.
Nous nous devons de nous préparer à cet effet, ne pas improviser : Nous avons rendez-vous avec nos enfants !
L’objectif est de raconter à ses enfants, la Haggadah porte dans son appellation, le commandement majeur de cette soirée :
Haggadah = Lehaguid = Raconter
Tout au long de la soirée, nous nous devons d’intéresser nos enfants au récit de manière à ce qu’ils puissent le mémoriser. Dans les grandes familles on a l’habitude d’organiser une table pour les enfants et une autre pour les adultes : au contraire il est recommandé, une fois dans l’année au moins, d’être à proximité des enfants. De nouer le dialogue…
Nous le disons quasiment chaque semaine dans notre bulletin, l’un des plus grands problèmes humains réside dans le manque de communication.
Un déficit d’écoute mutuelle récurrent, parfois dévastateur. A nous de changer le cour des choses, à nous de changer le monde : nous avons un mode d’emploi qui attend d’être mis en œuvre.
Cette année en particulier tournons-nous vers LUI là haut avec force et conviction : une année de pandémie,maladie,doutes,crise économique,épuisement ...
Bientôt nous connaîtrons des jours meilleurs avec SON aide!
Profitez les uns des autres et soyez prudents surtout .
Courage,Chabbat Chalom,Bonnes fêtes et de bonnes nouvelles bh
GZ
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