Chers Amis et Chers Enfants Boker Tov,
"Du changement !"
Il ne s’agit pas d’un slogan politique ni même d’une revendication syndicale, nous prenons tous à un moment ou à un autre de bonnes résolutions qui devraient nous changer. Mais le plus souvent nos résolutions sont « jetables », vous savez comme les mouchoirs de papiers qui finissent inexorablement dans la poubelle. Comment expliquer cette difficulté récurrente à tenir les meilleures résolutions ? Pourquoi est-ce tellement difficile d’être meilleur ? Quels sont les obstacles qui entravent notre chemin vers le changement ?
Je suis le meilleur
La première raison c’est notre manque de connaissance de nous-même, me semble t-il. Il est de ceux qui à l’âge de la quarantaine ont déjà traversé plusieurs océans, visité plusieurs pays, fait la connaissance de dizaines, voire centaines de personnes, sans jamais avoir pris le temps de se connaître (à vrai dire parfois on n’est pas intéressé à mieux se connaître de crainte de reconnaître quelques problèmes ici ou là, non ?)
« Je suis une personne délicate », dirait notre ami(e), vous penseriez dans votre for intérieur qu’il s’agit bien de quelqu’un de fabuleux, de charismatique mais certainement pas de « délicat ».
Un autre affirmerait être «organisé dans son travail et dans sa vie » alors que vous savez pertinemment que celui-ci est certes plein de qualités sauf celle-ci.
C’est curieux, mais dans la plupart des cas les gens semblent ne pas se connaître au point où ils idéalisent la réalité en arrondissant les angles de ce qui est le contour de leur personnalité, non ?
En même temps, qui pourrait apprécier reconnaître en lui un personnage peu sympathique ou colérique ou manquant de générosité ?
Il est plus confortable finalement d’être quelqu’un d’autre que l’on s’efforce de créer virtuellement et artificiellement.
Pour ceux qui s’inscrivent dans cette logique il est difficile sinon impossible de changer… non ?
Volonté de changer
Nous pouvons dans certains cas nous plaindre des… calories qui n’ont de cesse de nous hanter… Dix kilos de moins, de grâce !
Les années passent et les kilos s’installent : on mange sans compter tout en déplorant le harcèlement de ces calories. Mais surtout on ne fait rien.
Bizarre non ? Nous pleurons sur nos imperfections, nous nous torturons l’esprit, nous nous lamentons sans jamais nous résoudre à changer.
Dans ce cas-là voulons-nous vraiment changer ou attendons-nous le produit miracle qui nous exonérera de tout effort tout en réalisant nos rêves ?
D’un côté notre conscience développe en nous regrets et remords (ce n’est pas tout à fait la même chose) et d’un autre l’effort nous paraît insupportable.
Qui assume la… responsabilité ?
Nous sommes nombreux à reconnaître nos défauts.
« On m’a toujours réprimandé en criant, c’est donc le schéma que je reproduis, voyons ». Nous pouvons donc être conscients d’un défaut mais sans jamais en assumer la responsabilité.
« Moi fautif ? jamais ! c’est ma mère… mon père… le professeur ! ».
Tellement d’accusés, tellement d’accusations, aucune chance dans ce cas que l’on puisse changer puisque ce sont les autres qui sont responsables de tout, c’est eux qui devraient… changer !
Or, pour changer, il nous faut en tout premier lieu assumer notre responsabilité, non ?
Pas après pas
Supposons que l’on ait surmonté ces étapes si importantes : nous nous connaissons, nous nous assumons et nous voulons changer. Nos habitudes, pas toujours les meilleures, continueront à nous entraver dans notre progression. Nous sommes, entre autres, habitués (ou conditionnés) à obtenir presque tout de façon instantanée.
Je veux parler avec quelqu’un, il est absent de son domicile, pas grave, téléphone portable !
Le repas est froid ? Le micro-ondes trône dans la cuisine. Le linge est mouillé ? Voici venir le sèche-linge.
Tout cela consciemment ou inconsciemment on aurait tendance à le transposer au niveau de notre être, de nos défauts…
On veut du changement certes, mais… immédiat. Un résultat rapide et tangible.
Malheureusement le changement exige des efforts répétés, de l’application et de l’implication.
Artificiel mais positif
Parmi tous ceux qui se sont essayés au changement, nombreux sont ceux à décrire des sensations bizarres : « j’ai l’impression de jouer un rôle » ou « il me semble que c’est une autre personne qui s’exprime à ma place ».
Lorsqu’on s’inscrit dans une logique de changement il y a comme une période de transition où on perd ses repères du passé. On acquiert peu à peu de nouveaux réflexes qui au début nous semblent étrangers voire artificiels.
Ce n’est pas grave, avec de la persévérance les choses se rétablissent naturellement.
Bizarre
Parfois nos proches eux-mêmes se montrent surpris de nos changements, ils peuvent en rire, nous tester. Peu importe, car avec le temps et la persévérance, l’équilibre sera de retour.
Puis au final, notre volonté pourrait servir d’exemple aux autres… non ?
Notons enfin que le judaïsme nous pousse sans cesse à nous bonifier. Chaque fête (Moèd en hébreu) est un rendez vous avec Lui mais aussi avec nous-mêmes. Le Chabbat est certes un repos de l’esprit, mais aussi des retrouvailles avec ce qui fait de nous des hommes et des femmes, notre âme. Non ?
Sans cesse on nous exhorte dans nos textes à cultiver l’humilité, à tendre vers un idéal accessible qui ferait de nous des êtres responsables qui ne demanderaient qu’à… changer encore et toujours, en devenant meilleurs.
Courage et de bonnes nouvelles bh
GZ
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