Chers Amis et Chers Enfants Boker Tov,
Papa ? Maman ? Suivez moi ...
Je suis assis dans un beau parc et j’observe les collines…
Le silence est frappant et intense au point où je peux m’entendre respirer. J’entends le chant des oiseaux au rythme auquel les fleurs qui se déploient à mes pieds semblent danser.
Le temps est agréable, les rayons du soleil transpercent les quelques cumulus installés au-dessus de mon modeste hôtel. Mes élèves sont pris en charge non loin de là,ils sont en "activité",comme l'on dit dans notre jargon,ce qui me laisse un court répit ,mais non moins appréciable.
Je sens ma main se diriger comme par réflexe vers mon téléphone mobile.
J’ai oublié de rappeler à mon épouse de couvrir chaudement "la petite", de ne pas omettre de veiller aux grands.
Et ma secrétaire pensera t-elle à toutes les consignes que je lui ai laissées ?
Mais je me fais violence. Les uns et les autres finiront par croire que je n’ai pas confiance en eux.
C’est trop silencieux ici, presque effrayant.
Je décide donc d’entreprendre une marche autour de l’hôtel quelque peu isolé, se trouvant dans la périphérie de Jérusalem.
Je marche alors que le soleil se couche et que l’air devient plus frais, vivifiant.
Mais quelques minutes plus tard, de nouveau je me sens comme tourmenté.
Je suis pourtant seul, libre pour une fois de m’occuper de moi-même : pas de sollicitation, pas de téléphone qui sonne. C’est la première fois depuis si longtemps. Mais je suis presque choqué de constater que je ne sais plus "me parler".
Est-ce possible que malgré tout je n’ai plus d’estime pour moi-même ?
Je tente de me dégager de cette pensée pour profiter du paysage. Après tout, " je suis heureux…! "
Mais rien à faire cette pensée me taraude l’esprit : je ne m’aime plus et ce qui est le plus terrible c’est que je ne sais pas pourquoi !?…
Avec tout le bruit, le rythme effréné du quotidien, je finis par faire abstraction de moi-même.
Mais là, seul planté dans ce décor naturel, je suis face à moi-même.
A ce moment précis je me confonds avec le vent, le soleil couchant…
Je découvre pour la première fois depuis longtemps que je vis…
J’interroge D.ieu : « comment un homme qui aspire à rejoindre les collines peut en même temps se préoccuper des devoirs de son enfant par exemple ? Comment peut-il se confondre avec la nature et passer son temps à convaincre ses employés de la direction commune à prendre ? Comment peut-il avec ses compétences – lui qui rêvait de sauver le monde – passer ses soirées à dessiner avec son enfant, à lui raconter une histoire et lui faire réciter son « shéma Israël » ?
Je m’assoie au milieu d’un champ et j’entends mon cœur battre très fort : ai-je choisi la mauvaise profession, je veux parler de ma paternité ? Cette idée m’indispose, me culpabilise même…
Le lendemain au matin très tôt, je trouve la réponse à cette question dans un livre.
« Même si tes aspirations sont satisfaites, de toute façon, cela ne donne pas droit au bonheur.
L’absence d’un sentiment négatif ne génère pas un sentiment positif.
Alors qu’être libre en étant insatisfait conviendrait à un animal, cela ne serait pas suffisant pour un homme. » (Rav TORSKY)
Je pense à tous ces moments où j’étais bien, voire merveilleusement bien parce que satisfait… Il me manque quelque chose. Je continue ma lecture : « être les meilleurs que l’on puisse être, c’est une chose qui fluctue au gré du temps,mais qui porte ses fruits ».
Alors je m’interroge : « comment puis-je être le meilleur que je puisse l’être alors que je me sens enfermé dans un rôle qui me parait mineur ? »
De nouveau je culpabilise…
Élever ses enfants n’est pas un objectif insignifiant, être un bon père, un bon époux ou un bon employé est valorisant, mais pourquoi je ne l’appréhende plus ?
Pourquoi, je me sens plus en vie quand je me promène dans un champ ?
Je tourne la page, D.ieu me répond :
« si nous sommes capables de faire peu mais pleinement, nous aurons plus de chances d’atteindre le bonheur que si nous savons que nous pouvons faire beaucoup mais que nous faisons peu ».
Alors je comprends, là ,au milieu de nulle part.
Avec la même énergie que je déploie pour traverser la campagne, je devrais écouter mes enfants.
De la même façon que je peux me confondre avec le vent, je peux ouvrir mon âme et me mettre en phase avec D.ieu.
Avec la même intelligence qui m’a permis de réussir mes études, je peux gérer mon foyer comme s’il s’agissait de l’une des entreprises les plus florissantes du pays.
Pourquoi mon foyer, qui est mon repère le plus sûr, serait-il géré avec moins d’ambition qu’une « boîte » qui caracole en tête du CAC 40 ?
Toutes les compétences dont D.ieu m’a dotées doivent me servir pour…vivre, c’est donc cela !
Plus tard dans la soirée, je rencontre un Monsieur d’un certain âge qui engage la discussion.
Je lui explique que j’ai des enfants, que je travaille. Dans un soupir il dit :
« J’aurais tellement voulu revenir en arrière pour de nouveau élever mes enfants. Pendant des années, je rêvais d’être ailleurs et maintenant que j’y suis j’aurais tout donné pour pouvoir recommencer pour être encore un meilleur père, un meilleur époux, un meilleur employé ».
Je reprends ma lecture : « le bonheur est conditionné pour notre capacité à nous réaliser, à être les meilleurs possibles particulièrement dans les moments difficiles.
En étant capables d'analyser notre situation présente pour nous renouveler on touche au bonheur. »
Je suis sur le chemin du retour chez moi, je pense au marathon qui m’attend.
La rue est animée, j’entends des rires d’enfants, et je perçois enfin le long chemin qui me conduit vers… l’éternité.
Il est bon d'être mère ou père ,n'est-ce pas ? Ne l'oublions jamais,cela nous donnera des nouvelles ressources avec nos enfants .
Courage et de bonnes nouvelles bh .
G.Z.
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