Chers Amis et Chers Enfants Boker Tov,
Le texte de ce matin écrit à la première personne fera couler quelques larmes,à nous de les utiliser à bon escient ...
Mon cher ami,
Lorsque tu liras ces quelques mots, je ne serai pas avec vous… Je suis très loin de vous, dans un autre monde. J’espère que la lecture de cette lettre ne te contrariera pas trop et que tu pourras rapidement reprendre ta vie normalement. Il fallait que je te dise certaines choses.
Il y a quelques heures à peine vous célébriez mon anniversaire à l’hôpital. Ce fut tellement agréable de vous voir tous réunis, vous mes amis. Lorsque nous nous sommes quittés tu m’as interrogé :
-«Quand se revoit-on ?»
Je t’ai répondu avec un petit sourire faible qui, difficilement, dissimulait la tempête qui soufflait en moi :
-« Nous vivrons et nous verrons ! »
Tu comprends mieux le sens de cette réponse à présent.
Comment te dire mon ami ce que j’ai pu vivre au cours de ces dernières 24 heures ? Toutes les tensions qui sévissent depuis la découverte de cette maudite maladie il y a trois mois, se sont cristallisées avant d’imploser en moi.
Aux premiers jours, j’avais quelque espoir de m’en sortir avant de sombrer, lentement mais sûrement. Je ne souhaite à personne de vivre ce que je vis depuis trois mois…
Je me souviens du début du cauchemar comme si c’était hier…Nous étions dans la salle d’attente avec mes parents quand le professeur les invita à le rejoindre dans son bureau, d’un air tellement grave. Derrière la porte, il me sembla avoir entendu un cri lancé par ma mère…
Deux minutes plus tard j’apprenais la nouvelle, la si tragique nouvelle qui me vaudra plusieurs opérations et une série de soins chimiothérapiques.
Mes parents firent tout leur possible pour dédramatiser la situation, mais je compris très vite qu’elle était particulièrement grave.
Mon dernier espoir était l’ultime opération dont nous parlait le professeur régulièrement ces derniers temps… Cela a duré 6 heures, à mon réveil vous étiez là, vous mes amis, de même que mes parents puisque c’était mon anniversaire. Pour compléter le bonheur d’être avec vous j’avais besoin d’une simple bonne nouvelle post-opératoire…
Alors que vous vous efforciez de me réjouir, mes parents s’éclipsèrent sans doute pour recueillir les dernières conclusions médicales.
A leur retour, je compris que tout était perdu… Ma mère tenait à peine sur ses jambes, mon père ne put prononcer un mot audible…
-«Continuez à vous amuser » dit-il d’une voix sourde à toi et aux autres…
Je suis désolé mon ami de t’accabler de tous ces détails. Pardonne-moi !
La fête est à présent terminée, le silence est de retour, et je réfléchis en t’écrivant.
A quoi ?
A un tas de choses, à nos moments de partage uniques et intenses, aux autres par encore vécus et manqués à jamais…
A quoi ?
A notre professeur Monsieur Frichman dont on se moquait tout le temps. Il est venu me rendre visite l’autre jour. Cela m’a touché et, plus encore, j’ai éprouvé un sentiment de honte quand j’ai lu dans ses yeux toute sa compassion à mon égard.
A quoi ?
Je pense à ma petite sœur Mikhal que je rejetais systématiquement, si tu savais seulement ce que j’aurais été disposé à payer pour passer quelques moments avec elle, là, maintenant !
A quoi encore ?
Mes parents, ma maman qui ne veut plus me quitter, dont j’entends les prières quand elle pense que je dors… Mon père aussi : je ne savais pas qu’un père pouvait pleurer.
Je veux vivre ! J’ai tant à faire encore...
En t’écrivant, je regarde de temps à autre le ciel étoilé au travers de la petite fenêtre de ma chambre en me demandant : où serais-je demain !?
Je réalise ces dernières heures, à quel point je n’ai pas mis suffisamment à profit ma vie…
Et sois sûr que les gens qui sont dans mon état ne mentent plus !
J’aurais tant voulu, là tout de suite, me rendre au Kotel, caresser ses pierres, prier… Mettre mes Tefillins, avec plus d’enthousiasme…
Ne te méprends pas, je reste reconnaissant au Tout Puissant pour ce qu’Il m’a offert… à ce moment précis, je comprends mieux la valeur de ce que j’avais : la santé, la famille, les amis… J’étais stupide de ne pas voir tout cela avant.
Je n’ai plus la force pour poursuivre l’écriture de cette lettre tâchée de mes larmes…
Montre cette lettre à tout le monde, cela me console de savoir que peut être ces quelques mots vous permettront de mieux apprécier la vie, votre vie si précieuse…Ne vous laissez jamais emporter par la colère, par la discorde, par la suffisance, par l’angoisse, autant d’éléments qui ne font que polluer la pureté de la vie …Je te laisse, je vais rejoindre le monde de vérité.
Je vous embrasse
Bien à toi,
Moi.
Profitons de chaque instant!
Refoua chelema à tous nos malades amen !
Courage,et de bonnes nouvelles bh...
GZ
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