Chers Amis et Chers Enfants Boker Tov,
Nous sommes supposés pleurer les jours de Roch Hachana et Kippour.
L’un de nos maîtres disait que si le peuple juif pouvait verser des larmes de repentance le jour de Roch Hachana, nous serions épargnés de toute larme tout au long de l’année.
Il est difficile de pleurer pour un sentiment de regret : est-ce que nos fautes ont été si graves ?
Même si l’on peut déplorer de s’être exprimer de façon méprisante avec un ami, peut-on pour autant verser une larme pour un incident aussi peu significatif ?
On peut regretter notre impertinence quasi-chronique avec les membres de notre famille, mais après tout c’est humain, non ?
Nos maîtres disent que depuis la destruction du temple les portes de la prière ont été scellées mais pas celles des larmes.
Un mois avant Roch Hachana et jusqu’à Kippour on nous exhorte à établir un bilan de nos actions et ce pour nous repentir.
Le mot Téchouva se traduit par le mot Retour : nous devrions retourner à un point antérieur où nous étions à un niveau spirituel culminant. Mais avons-nous réellement connu un tel niveau ?
La notion de Téchouva comprend deux étapes : le regret et le retour…
Il ne s’agit pas de changer brutalement notre vie, mais de changer de direction.
La Téchouva est comme un programme qui consiste à produire des changements, pas après pas, de façon stable et durable.
==) Décalage
La Téchouva peut susciter la crainte car on y voit comme une remise en cause totale de ce que l’on est.
L’approche juive est cependant particulière, ce n’est pas tant : « Je suis le mal incarné à cause de ce que j’ai pu faire », mais plutôt : « comment un homme comme moi a pu faire une telle chose ? »
La Téchouva est un élément qui nous renforce, ce n’est certainement pas une démarche de dévalorisation.
Au lieu que les méfaits s’intègrent à notre personnalité, nous les repoussons pour préserver les âmes pures qui nous habitent.
Nous pleurons Roch Hachana et Kippour car en rapprochant notre potentiel qui n’est pas toujours mis en œuvre, de la réalité, nous ne pouvons que nous sentir frustrés…
Nous versons des larmes car nous réalisons à quel point nous optons pour la médiocrité alors que D… nous a doté d’outils qui nous permettraient d’exceller…
-Au lieu d’être généreux, nous sommes restrictifs.
-Au lieu d’être sincères, nous pouvons mentir.
-Au lieu de soutenir autrui, on peut se montrer hostiles, ou simplement impatients.
-Au lieu d’être humble, le monde est à nos pieds.
-Au lieu d’exprimer concrètement notre reconnaissance à nos parents qui ont contribué à ce que l’on est, on suscite auprès d’eux un sentiment d’inutilité.
-Au lieu de nous enrichir on passe notre temps à des futilités.
-Au lieu d’aspirer à devenir l’homme ou la femme que D… voudrait que l’on soit, on se fond dans la masse, on choisit d’incarner une pâle imitation de ce que la société nous impose comme model d’homme ou de femme.
Imaginons, chacun pour soi, « mon moi idéal ». Je peux le voir, c’est quelqu’un dont l’expression est douce et sereine, dont le sourire est réconfortant, dont chaque geste est comme une contribution pour l’humanité.
La Thora nous donne aussi un descriptif de l’homme idéal : c’est quelqu’un de tolérant qui évite la médisance et le mépris, c’est quelqu’un qui respecte ses biens mais aussi ceux d’autrui, c’est quelqu’un capable de se maîtriser devant certaines situations, c’est quelqu’un qui respecte ses parents, son conjoint et ses enfants, c’est quelqu’un aussi qui fait preuve de droiture dans sa vie professionnelle.
En hébreu, le mot faute se dit « HET », même racine que le verbe « LEAHTIE » qui signifie manquer, rater.
Les fautes dont on doit se faire pardonner ce sont en réalités toutes les occasions, opportunités ratées dans la mise en œuvre de notre potentiel personnel.
Le décalage entre notre potentiel et la réalité doit nourrir et alimenter notre Téchouva.
==)Trop tard
Si nous ne pleurons pas sur nos échecs c’est parce que le plus souvent on estime avoir tout le temps pour le faire.
Cette approche nous pousse à la passivité, on subit au lieu d’assumer au point d’occulter notre mission ici-bas.
Personnellement, j’ai appris avec le temps que je ne peux pas mener à son terme le moindre projet si je ne me fixe pas au préalable une échéance, une date.
Pour ce qui concerne la Téchouva nous avons une échéance, nous bénéficions même d’un délai supplémentaire de 10 jours : Roch Hachana à Kippour.
Roch Hachana nous oblige à nous confronter avec la réalité, Kippour nous permet de la réparer.
Kippour est comme un cadeau inestimable, une proposition très intéressante : on appuie sur le bouton « DELETE », on supprime donc les fautes et retour à la case départ.
Si l’on adhère à l’idée de la Téchouva, si on traduit cela en actes de bonne volonté, D… prend en charge tout ce qui sépare ce que l’on est de ce l’on devrait être : transaction pour le moins intéressante… Mais celle-ci exige une sincérité totale…
La prière, nous l’avons déjà dit dans nos colonnes, a un pouvoir puissant quand elle est accompagnée de larmes… « Les larmes sont les perles de l’âme ».
Prions aussi pour notre peuple qui connaît des moments difficiles en diaspora et en Israël.Si l'on en prend véritablement et pleinement conscience,on ne pourra retenir ses… larmes ,non ?
Kippour de cette année doit être différent, à ce moment là nos prières seront exaucées.
Qu’Il vous inscrive, vous et les vôtres dans les livres de la vie, du bonheur, de la sérénité et des délivrances.Qu'il protège son peuple et ramène la Paix ici bas .
Amen Veamen .
Courage et de bonnes nouvelles bh.
GZ
À LA MÉMOIRE DE NOTRE MAÎTRE RABBI AVRAHAM MIMOUN Zatsal.
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