Chers Amis et Chers Enfants Boker Tov et Moadim Lessimha,
La vie est un enchaînement de moments plus ou moins exaltants, plus ou moins banals à priori….
Certains moments sont des tournants, d’autres sont littéralement terrorisants…
Ce n’est pas tout !
Il y a des moments de déception, d’amour, de confiance, de défiance, de colère, de proximité avec le Tout Puissant et d’autres encore…
Notre responsabilité consiste à exploiter tous ces moments à bon escient pour plus tard se satisfaire de nos choix. Chaque étape et chaque moment sont marqués par la présence de D.ieu, mais il nous appartient de faire l’effort pour la percevoir. Les histoires vraies que nous rapportons peuvent nous y aider. Le temps passe, ne perdons aucun moment.Suivez moi histoire providentielle fort émouvante et instructive...
« Sim’hat Torah », comme son nom l’indique, doit véhiculer la joie mais ce jour-là, alors que je m’apprêtais à quitter la synagogue à l’issue de l’office je fus saisi par une étrange et forte émotion en entendant l’ultime Kaddish. La mélodie, la voix éraillée, me précipitèrent dans un sentiment bizarre de mélancolie et de tristesse. J’attendis patiemment que tout le monde quitte la synagogue pour me diriger vers le ‘Hazan, le chanteur dont les yeux étaient éteints et tristes :
« Cher Monsieur, puis-je me permettre de vous demander d’où vous est venue cette ferveur à la récitation du Kaddish ? »
Ce vieil homme me fixa quelques instants avant de répondre : « Mon enfant, ce Kaddich a une histoire, et plutôt tragique… Je suis né dans un petit village en Pologne où il faisait bon vivre jusqu’à l’arrivée des nazis. Mon grand-père est celui qui m’avait offert mes Téfilines non sans m’expliquer leur importance… » :
- «N’abandonne jamais, en aucune circonstance le commandement qui te rappellera qui tu es répétait-il… ». Lorsque la guerre éclata, je ne sais trop comment, mais nous restâmes ensemble avec mes amis …
Nous fûmes déportés à Bergen Belsen avant d’être envoyés vers Treblinka, plusieurs étapes dans l’enfer sur terre. Je pus dissimuler mes Téfilines et, jour après jour, au risque de me faire prendre, je continuais à les utiliser pour ma prière.
Nombre parmi mes amis s’est détourné de D.ieu considérant qu’il nous avait abandonné. Je leur disais souvent ce que le Roi David proclamait à l’issue de chacune de ses batailles : « La délivrance de D.ieu est aussi rapide que le battement des cils… »
Mes dires ne faisaient pas le poids face aux monstruosités auxquelles nous étions confrontés. Le froid et la faim finirent par faire de nous des automates fébriles et apeurés…
Un jour, nous eûmes la visite du « diable en blanc », c’est l’un de ses surnoms : MENGELE, qui sélectionnait hommes, femmes et enfants pour ses prétendues expériences médicales…
Nous savions que ne pas être retenu par lui était synonyme de mort pour nous, la sélection se faisait devant une chambre à gaz…
Un silence de mort régnait dans la file d’attente, mes amis me regardèrent, je susurrais une fois de plus : « La délivrance de D.ieu est aussi rapide que le battement des cils ».
Aucun d’entre nous ne fut choisi par le monstre, et nous fûmes bientôt conduits dans la chambre à gaz. La porte fut fermée, des gens sanglotaient.
L’un de mes amis me lança : « La délivrance de ton D.ieu tarde à arriver !? »
Il y avait dans sa voix de la colère, de la révolte et du dépit mêlés.
On entendit l’ouverture des vannes, certains crièrent : « Chema’ Israël ».
Je fermai mes yeux, tenant dans mes poches mes Téfiline et priai de toutes mes forces, implorant D.ieu d’écouter nos souffrances. Le gaz commença à se propager quand, soudainement, tout s’arrêta…
Un soldat nazi ouvrit la porte en criant :
- « J’ai besoin d’une personne au dépôt, toi vient là ! »
- Ce « toi », ce fut moi… Dans les hurlements du nazi, j’observais une dernière fois mes amis qui semblaient me signifier : « Tu avais raison » !
Ce jour-là était précisément le jour de Sim’haT Torah, et depuis, chaque année, mon Kaddich leur est consacré. Comprends-tu mon enfant ? »
Oui, je comprends, pas tout… mais ce Kaddish, les Téfilines et surtout le verset : « La délivrance de D.ieu est aussi rapide que le battement des cils »
Hasard ou providence ?
Je vous le demande.
Bonne fête .
GZ
À LA MÉMOIRE DE NOTRE MAÎTRE RABBI AVRAHAM MIMOUN ZATSAL
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