Voici, après le vol et l'inconduite, la faute qui vient en troisième place : la transgression des lois alimentaires, qu'il s'agisse de viande ou de mélanges défendus, du mélange lait et viande, de la graisse défendue, du sang, d'aliments préparés par un non-juif, des ustensiles de cuisine, du vin destiné au culte idolâtre ou récolté par un païen.
Pour être intègre au regard de cette obéissance rituelle, il faut une attention minutieuse, un grand effort de volonté, en raison de notre désir de mets succulents et interdits, aussi bien qu'en raison des frais supplémentaires qu'impose la cuisine rituelle. Or, les détails de ces lois nombreux et variés, sont soigneusement expliqués dans livres des casuistes.
S'accorder des facilités là où les Docteurs exigent la sévérité revient à se perdre soi-même. Dans le commentaire du Lévitique nous lisons à propos du verset : « Ne vous souillez pas par elles, vous en contracteriez la souillure. » (Lévitique 11, 43)
« Si vous touchez à leur souillure, elle se communiquera à vous. »(Midrach Sifra)
Les aliments interdits introduisent, en effet, positivement souillure dans le cœur et l'âme de l'homme au point d'en chasser et d'en éloigner la sainteté divine.
Commentant le même verset, le Talmud dit : « Le péché bouche pour ainsi dire le cœur de l'homme. Il en chasse la connaissance véritable et l'esprit de sagesse que D.ieu donne à ses pieux serviteurs.»(Yoma 39 a)
« Car c'est D.ieu qui dispense la Sagesse . » (Proverbes 2, 6)
Aussi l'homme devient-il, dans cet état, semblable à l'animal, prisonnier de la matière, plongé dans les plaisirs grossiers de ce monde.
Les défenses alimentaires sont à cet égard plus importantes encore que les autres, car l'aliment défendu, pénétrant dans le corps de l'homme, y devient la chair de sa chair.
Les animaux impurs, les bêtes répugnantes ne sont pas seuls défendus : la viande déclarée impropre à la consommation, bien qu'elle provienne d'une bête pure, entraîne la même souillure. A propos du verset : « Pour distinguer le pur de l'impur» (Lévitique 11, 46), les Sages expliquent : «Il n'était évidemment pas utile de te dire de distinguer une vache d'un âne. »
Sur quoi porte donc la distinction ? Sur ce qui est pur et impur pour toi, lorsqu'il s'agit d'un cas délicat d'abattage rituel, où la décision dépend de ï épaisseur d'un cheveu. » ». (Midrach Sifra)
Cette dernière expression, mise par eux en fin de phrase, n'a pas d'autre but que de te rendre sensible l'essence mystérieuse de l'ordre : il n'y a, vois-tu, que l'épaisseur d'un cheveu entre le pur et l'impur.
Aussi, pour peu qu'un homme ait un grain de bon sens, il assimilera les mets prohibés à des poisons ou à des mets empoisonnés.
Est-ce que, dans un cas de ce genre, un homme serait assez insouciant pour en manger? Il est bien évident qu'aussi longtemps qu'il subsisterait en lui quelque doute ou même le plus petit soupçon, il s'abstiendrait d'en manger. S'il n'y prenait pas garde, on le considérerait comme fou.
Or les mets défendus constituent, nous l'avons déjà expliqué, un véritable poison pour le cœur et l'âme. Quel homme doué de raison irait donc, en cas de doute, faire bon marché d'une défense alimentaire? N'est-ce pas à ce sujet qu'il a été dit :
«Tu t'enfonceras un couteau dans la gorge, si tu te comportes en glouton » ? ( Proverbes 23,2)
Rabbi Hayim Lussato, Messilate Yécharim
SOURCE:lechelledejacob