Chantant et dansant en traversant les portes de la Vieille Ville de Jérusalem au son des tambours, un groupe de 36 jeunes ougandais a accueilli un rouleau de Torah au pavillon égalitaire Ezrat Israel, situé au mur Occidental, une expérience sans précédent depuis son arrivée à Jérusalem, la semaine dernière.

La vaste majorité du groupe, originaire de la communauté Abayudaya de Mbale, dans l’est de l’Ouganda, n’était jamais venue en terre sainte avant d’atterrir à l’aéroport Ben-Gurion le 21 août.

Le voyage a été coordonné avec l’aide du MAROM, qui représente le Mercaz Ruchani u’Masorti, ou Centre pour le judaïsme spirituel et massorti – une organisation de ce mouvement conservateur ouverte aux jeunes adultes âgés de 18 à 35 ans. Les participants du voyage sont âgés pour leur part de 18 à 26 ans.

Plutôt que de médiatiser ce voyage – qui représente un tournant pour la communauté Abayudaya – une série unique de défis a amené les responsables à conserver un certain degré de secret autour des préparations du voyage, l’année dernière, et ce jusqu’au départ du groupe d’Ouganda.

Cela fait un siècle que les Abayudaya pratiquent le judaïsme. Ils observent le Shabbat – journée de repos juive – et ils pratiquent la circoncision rituelle. Leur culte combine la liturgie hébraïque traditionnelle avec les mélodies africaines et ils professent entretenir une connexion profonde avec Israël et les Juifs.

La majorité d’entre eux ont été convertis par des rabbins massortis entre 2002 et 2008.

Mais le ministère israélien de l’Intérieur a refusé d’accepter comme juive, et dans un dessein d’immigration, la communauté Abayudaya et il a rejeté des douzaines de demandes de visa de la part de ses membres désireux de pouvoir faire des études en Israël.

Les responsables du voyage et les porte-paroles de Taglit Birthright avaient refusé de multiples demandes de commentaires de la part du Times of Israel avant le voyage, craignant que toute médiatisation de leur séjour ne puisse entraîner un refus d’entrée sur le territoire.

Le ministère de l’Intérieur ne sera finalement pas intervenu et une vidéo des jeunes membres de la communauté Abayudaya en train de danser dans le terminal des arrivées de l’aéroport Ben-Gurion a déjà été visionnée
88 000 fois.

 
 

Un porte-parole de Birthright a expliqué lundi au Times of Israel que tous les participants ont été « très émus par tous les moments, tous ces endroits qu’ils ont visités durant le séjour ».

Sur la page Facebook du MAROM sont répertoriées les visites effectuées sur différents sites du nord du pays, du Kibboutz Beit Alfa au mont Arbel, où le groupe a profité d’une vue du lac de Tibériade et de la région environnante, ainsi que de la ville de Safed.

Le groupe a dansé une fois encore en rentrant pour la première fois à Jérusalem et il a passé le Shabbat dans la ville sainte avant de marquer la fin de la journée par la Havdalah.

 

Dimanche, les participants ont visité le musée du mémorial de la Shoah de Yad Vashem. Cette expérience a ouvert les yeux d’un grand nombre de jeunes Abayudaya dont la communauté a, dans sa jeune vie, connu sa part d’adversité – les persécutions du leader ougandais Idi Amin dans les années 1970 ainsi que des campagnes agressives de conversion de la part des missionnaires chrétiens.

La communauté des Abayudaya – forte de 2 000 membres – continue par ailleurs de se battre pour être reconnue dans ce qu’elle considère comme son foyer juif.

En juin, le ministère de l’Intérieur israélien a refusé de reconnaître comme juif aux fins de l’immigration un membre de la communauté Abayudaya, Yosef Kibita, qui séjournait dans un kibboutz affilié aux Massortis dans le sud d’Israël. Le ministère a déclaré que sa décision concernait non seulement Kibita, mais aussi le reste des Abayudayas.

Le rabbin Andrew Sacks du mouvement Massorti se rend régulièrement dans les communautés juives « émergentes » du monde entier (Crédit : Facebook)

Le rabbin Andrew Sacks, directeur de l’Assemblée rabbinique du mouvement Massorti en Israël, qui a également supervisé les conversions et les circoncisions des Abayudayas en 2002, avait déclaré au Times of Israel que cette décision était le résultat de ce qu’il avait qualifié de système biaisé.

« Il y a clairement une forme de discrimination ici, » avait expliqué Sacks.

« Certains pourraient dire qu’il y a une composante raciale, mais c’est difficile à prouver. Malgré la décision de la Cour suprême selon laquelle les communautés locales peuvent gérer leurs propres conversions, le ministère de l’Intérieur est constamment à la recherche de barrières et de détails techniques menant au rejet des conversions par les batei din [tribunaux rabbiniques] de notre mouvement – en particulier dans les pays en développement où leur peau n’est pas blanche ».

Aujourd’hui, Yosef se bat encore pour être reconnu comme Juif par l’Etat et la Haute-cour a émis une injonction temporaire contre son expulsion, son visa ayant depuis expiré. Le gouvernement avait jusqu’au 29 juillet pour répondre à l’appel de Yosef mais le délai n’a pas été respecté et une prolongation a été décidée jusqu’après les grandes fêtes juives – mais une date n’a pas encore été déterminée.

Même si le grand rabbinat ultra-orthodoxe et le ministère de l’Intérieur israéliens ne reconnaissent pas les conversions des Abayudaya, réalisées par des Juif massortis, l’Agence juive pour Israël – une organisation para-nationale qui a été essentielle dans la fondation et dans le développement d’Israël et la plus importante ONG juive dans le monde – a récemment reconnu sans conditions préalables les Abayudaya en tant que Juifs.

 

Depuis 1948, l’Agence juive a aidé 3 millions de nouveaux arrivants à immigrer en Israël, offrant un logement et d’autres ressources essentielles dans des centres d’intégration répartis dans tout le pays.

Durant la célébration organisée en l’honneur de l’introduction d’un rouleau de Torah dans le pavillon Ezrat Israel, les responsables Massortis ont dansé avec les jeunes Abayudaya. Le moment choisi pour l’arrivée du rouleau en Israël, a commenté un porte-parole du MAROM, a été extraordinaire, dans la mesure où il aura finalement coïncidé avec ce tout premier voyage de la communauté ougandaise.

Suite à la procession, les Abayudaya ont pris part à la prière égalitaire du matin ainsi qu’à l’introduction et à la première lecture du rouleau de Torah.

 
 
Source: TIMESOFISRAEL/MAKOM/FB
 
 
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