Chers Amis et Chers Enfants Boker Tov,

Je vous invite à me suivre pour découvrir,par une nouvelle histoire providentielle,un garçon pas comme les autres ...Yoav !

Personne n’appréciait Yoav, mais personne ne le détestait non plus… Un jeune adolescent rejeté, esseulé…
C’était le cas dès son arrivée dans notre établissement qui comprenait un internat. J’étais le seul – moi, le nouveau directeur pédagogique – à ne pas accepter cela comme une fatalité insurmontable.

- « Pourquoi est-il seul ? »
- « C’est comme cela », me répondait son professeur principal alors que nous partagions notre déjeuner au réfectoire de l’école.
- « Je ne comprends pas… », ajoutais-je avant d’interroger l’un de nos éducateurs qui lui aussi lança dubitatif : « c’est ainsi ! »

Je sentis la colère monter en moi, avant de fixer Yoav assis non loin, seul…

L’après-midi le directeur administratif m’invita à un petit échange au cours duquel il me mit en garde :

-« Tu es jeune par rapport à tes collègues du personnel enseignant, je te conseille de ne pas faire de vagues… Au fait, laisse tomber Yoav, tu vas te mettre à dos tout le monde, de ce que j’ai compris. »

Je répondis :

-« La jeunesse passe avec le temps et les élèves, dont Yoav fait partie, relèvent de mon domaine de compétences ».

Me voilà à présent seul face aux autres, un peu comme Yoav.

Je n’ai pas « renoncé » à Yoav, sa solitude me peinait, sa tristesse m’affligeait. Je ne compris pas le rejet manifeste de ses camarades, encore moins de ses enseignants.

- « Qu’as-tu à lui reprocher ? » ai-je questionné un élève.
- « Rien, c’est juste que je ne le supporte pas… ».

Tous les enfants firent la même réponse et, de façon plus feutrée, les adultes.
J’ai essayé de me rapprocher de lui, sans succès – de son regard émanait une forme d’indifférence et de tristesse.


Une nuit d’hiver, le vent souffle en rafale, je suis de service et je dois m’assurer que tout va bien dans l’internat. Je pénètre dans le grand dortoir, les enfants dorment. Je ferme un volet qui claque dans la nuit glaciale, je couvre un enfant, puis j’arrive devant le lit de Yoav qui est placé contre le mur, lui est en position fœtale.
J’entreprends de l’éloigner du mur humide et froid, je le fais délicatement, mais au moment où je me retire, Yoav se saisit de mon bras dans son sommeil :

- « Maman, ne pars pas, reste… ».

Je sens les larmes envahir mes yeux, Yoav est orphelin de mère… J’attends quelques instants pour me retirer.

 

Je pénètre la grande bibliothèque, un regard circulaire me confirme qu’il n’est pas là, je me rends dans la cour, il est comme à son habitude seul…

- « Tu n’es pas avec les autres ? On te cherche… non ? »

Yoav daigne répondre :

- « Je n’intéresse personne… »
- « Tu m’intéresses beaucoup Yoav »

Sans avertir Yoav se lève et se dirige vers l’internat.


Le lendemain, je me rends dans l’appartement du père de Yoav, la visite sera courte et « véhémente ».
Le père qui semble bien alcoolisé, crie derrière sa porte son refus de me rencontrer : « Il ne m’intéresse pas, personne ne m’intéresse. ». J’en suis affligé pas tant pour moi que pour Yoav.

À mon retour, je suis interpelé par son enseignant principal qui exige son exclusion : « Il génère un mauvais climat dans la classe, il est passif, indifférent à tout ».
L’enseignant conclut par : « C’est lui ou moi ! »

Je n’ai plus le choix sinon d’aborder Yoav frontalement. Je rentre dans la classe, les élèves attendent mon autorisation pour s’asseoir.
Je commence un long discours sur la solidarité qui doit s’opérer entre les élèves dans une école telle que la nôtre. J’ajoute :

- « On ne connait jamais vraiment la vie de tous ses camarades. Certains connaissent des problèmes familiaux, on doit s’intéresser à eux, on a le pouvoir de les aider ».

Au fil de mes propos je vois le visage de Yoav se crisper, je le sens fort contrarié.

- « Yoav, tu me sembles contrarié, qu’en penses-tu ?»

Yoav ne répond pas, il est excédé, il tremble désormais, puis il éclate :

- « Vous dites n’importe quoi, ce sont des bêtises… »

Un silence de plomb pèse sur la classe, les élèves s’attendent au pire, ils attendent ma réaction, une sanction. Yoav semble perdu, peut-être regrette-t-il ses propos ?

Je m’avance vers lui :

- « Yoav, je sais ce que tu as enduré et quelque soient tes propos, je te pardonne, tu ne seras pas puni. Yoav, devant tes camarades, je te le dis avec force, j’ai pour toi l’amour d’un père ou d’une mère… Tes camarades peuvent devenir tes frères… Ne nous rejette pas ».

Je lève les yeux, tous ont les larmes aux yeux.

Je m’approche de Yoav, il me scrute de ses yeux apeurés, puis il se jette littéralement dans mes bras pour pleurer de longues minutes. Des larmes faites de son histoire, de sa douleur.

Aujourd’hui, Yoav termine ses études, et brillamment ! Il est entouré d’amis. Son avenir est prometteur.
À nous, il laisse une leçon : « Il n’y a pas d’enfant incarnant le mal, mais il peut y avoir un enfant qui a mal. »

Ainsi intéressons-nous aux autres… Nous adultes, nous enfants…

Courage, Chabbat Chalom et de bonnes nouvelles.
GZ

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